Train-train tropical

C’est le retour de la vie ordinaire, avec davantage de soleil, moins de contraintes, et de nouvelles personnes dedans. Une vie remplie de petites joies quotidiennes, du matin sans réveil au soir sans télé. Je parviens à mieux gérer l’absence des miens, et je m’habitue à l'éloignement, sans doute parce que je sais que je vais rentrer dans quelques mois, c'est tout à fait sûr à présent. Je profite d'un quotidien polynésien plus serein, plus lisse et plus tranquille. Je vois du monde tous les jours, les amitiés se consolident, des projets se mettent en place pour le début de l’année prochaine. Je ne m’impose rien, je prends les choses comme elle viennent, accepte les invitations, et accueille à mon tour avec plaisir. J’ai des envies floues, des objectifs que je ne respecte pas toujours (j’écris moins que prévu, ne photographie pas beaucoup), mais j’apprends aussi à ne pas m’en sentir honteuse ni coupable. Après tout quelle importance ? Personne n’attend mes nouvelles, ni mes images. Je passe beaucoup de temps à ne rien faire, à lire, à regarder des films, et à rencontrer des gens pour lesquels parfois je cuisine un peu.

Et c’est tellement cool ! Je suis bien de nouveau, je souris dans mon dedans. Bientôt en plus je vais voir mes enfants. Bref tout va bien, les angoisses se font toutes petites, je n’ai même plus peur des dimanches soir.

Je suis contente de cette vie que je me suis provisoirement choisie, de pouvoir vivre comme dans mes rêves pieds nus et en maillot, de partager avec des presque inconnus des tas d’apéros. Peut-être que ça ne durera pas et c’est tant mieux aussi, parce que ce qui ne dure pas a davantage de saveur, je profite de toute cette douceur avec la conscience que ce n’est pas pour toujours, mais que c’est là et qu’il faut ouvrir les bras.

Pas grand chose d’extraordinaire à vous raconter. Même si chaque jour je vis des choses incroyables dont je m’émerveille encore : l'aquagym dans un lagon turquoise, les promenades en forêt ou au bord de l’eau, le plongeon dans la piscine quand ça me chante, les pique-niques à la plage, les soirées musicales avec les copains, où les tahitiens chantent dans la nuit étoilées des mélodies douces et chaloupées.

Je vis la vie immobile et paisible des gens expatriés ici, c’est bien ce que j’étais venue tester. C'est plus raisonnable économiquement mais bien sûr moins exaltant que des vacances chronométrées, où on enchaîne les activités sans avoir le temps de se retourner - sautant d’une île à l’autre pour changer de plage et de cocotiers.

Mais ça me plaît. Pour l’instant ça me plaît.

Et je me réjouis - tellement - de voir arriver les enfants.

C’est très bientôt. Quand je vous écrirai la prochaine fois, ils seront là :)

Le Hilton - Moorea