Saison des pluies
- aureliajaeger
- 16 janv. 2022
- 2 min de lecture
Voilà toute une semaine qu'il fait gris. Que le ciel nous tombe sur la tête en milliers de gouttelettes et que l'horizon est bouché par d'épais nuages de pluie. Huit jours sans le moindre rayon de soleil, et une humidité maximum. Il pleut tous les jours. Et parfois il pleut tout le jour, et aussi la nuit. Le linge ne sèche plus, les rivières débordent et déversent la boue arrachée aux montagnes dans le lagon qui devient marron. Ils ont fermé les écoles et arrêté les bateaux. On peut sortir mais partout on patauge dans l'eau.
Alors c'est un peu comme un nouveau confinement, on reste traîner chez soi, on s'occupe comme on peut, entre écrans et jeux. Contre toute attente je prends mon mal en patience. Je ne déprime pas et ne maudis personne. Je suis même à deux doigts d'apprécier cette immobilité forcée, cette tranquillité bercée par les modulations des averses incessantes. Je dors beaucoup et avec délectation. Je dessine, j'écris et je lis un peu. J'ai commencé un nouveau puzzle et je passe des heures devant la télé ou ma série préférée (je rattrape les saisons 3 et 4 de "La Servante Ecarlate"… j'adore). Je suis contente de ne voir presque personne, je savoure ces journées vides ou je ne me contrains à rien. La tristesse ressentie après le départ des enfants a laissé la place à une sorte de sérénité décomplexée. J'en suis aujourd'hui à la moitié de mon séjour, et j'ai décidé de profiter sans culpabilité de ces jours qui me restent, à ne rien faire que d'être ici dans l'instant. Respirer, buller, rêvasser, échafauder de nouveaux projets, me souvenir.
D'autant plus que ça ne va certainement pas durer. Le soleil va finir par revenir, et les activités vont recommencer. Je vais devoir sortir de ma grotte, bouger, aller faire ces photos de perles, dire oui aux invitations à dîner et reprendre une vie un peu plus normale. Même si du fond de mon exil tropical, la "normalité" est un concept sur lequel je m'interroge chaque jour davantage. Oui… maintenant que le compte à rebours est enclenché, le retour à un quotidien rythmé par des règles dictées par une société malade commence à me faire flipper un peu.
Voilà, j'ai bien le temps de retrouver un quotidien "normal" (synonymes : ordinaire, habituel, raisonnable, régulier, prévisible, rangé… quelle horreur). Pour l'heure - 15 heures ici - je retourne me coucher avec mon bouquin, 2 carrés de chocolat et le murmure de l'eau qui dégouline sur les manguiers, frangipaniers et autres cocotiers.
Carpe Diem !

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