Robinsonne à Tetiaroa

Tout le monde a déjà rêvé d'une île déserte. Une terre de sable et de vent posée sur l'horizon d'un lagon bleu.

Et bien j'y suis allée cette semaine et c'était comme dans vos rêves, merveilleux.

A 42 kilomètres au nord de Tahiti, l'atoll de Tetiaroa - seule île basse de l'archipel des îles du Vent - déroule ses 585 hectares sur douze motus posés comme des confettis blancs au milieu de l'océan. Autrefois lieu privilégié de villégiature des familles royales de Tahiti, les plages de sable fin encadrées de cocotiers et d'un lagon cristallin ont attiré l'attention de Marlon Brando venu tourner en 1960 "Les réfugiés du Bounty" en Polynésie. En 1966 il signe avec le gouvernement polynésien un bail de 99 ans, et ses descendants y exploitent aujourd'hui un hôtel de luxe "Le Brando", occupant 2 des îlots de l'atoll. Une trentaine de villas de luxe y accueillent en toute discrétion le tout Hollywood, de Léonardo di Caprio à Johnny Depp en passant par Beyonce ou La famille Obama. Sans dépenser des fortunes, il est également possible d'avoir accès à quelques uns des autres motus, à condition de n'y longer que les plages ou le bord de l'eau.

Pour 260€ tout compris, j'ai donc embarqué pour 2 jours et une nuit sur un joli catamaran de la compagnie "Tahiti Voile et Lagon". Rendez-vous lundi dernier dès l'aube dans la marina de Papeete. A bord, 2 membres d'équipage et 5 autres passagers (une fort sympathique famille bordelaise). De quoi occuper confortablement les 4 cabines doubles et le carré.

La traversée dure entre 3 et 4 heures, et décourage certains parfois, parce que ça secoue et ça remue fort, ca tangue et ça roule, bref ça navigue en pleine mer. J'avais pris mon petit cachet de "mercalme" et à l'aller comme au retour, j'ai somnolé, un peu dormi, mais pas du tout vomi.

A l'arrivée c'est un vrai paysage de carte postale : des eaux cristallines avec des dégradés d’un vert d’eau pâle qui se mêlent à des langues turquoise ourlées d’azur. Du sable blanc, des cocotiers bercés par la brise et un silence de bout du monde peuplé seulement de cris d'oiseaux et du bruit du ressac sur les récifs.

On a fait le tour de Tahuna Iti, l'île aux oiseaux qui est une réserve ornithologique peuplée de centaines de volatiles, fou brun, fou à pieds rouges, sterne à bec noir ou huppée, et la grande frégate. Bruissement d'ailes, cris, grandes envolées, c'est presque angoissant, on n'est pas loin de l'ambiance pesante d'un bon vieux film d'Hitchcok, d'autant que le ciel est un peu couvert et que l'orage menace.

Mais ça reste beau. Et le ciel s'est découvert le lendemain. Pendant 2 jours je me suis remplie de bleu, de soleil, de dégradés turquoises et de merveilles. On a marché dans l'eau longtemps, vu des tas de poissons, nagé avec les requins dans l'eau profonde, longé des kilomètres de plages étincelantes, déjeuné à l'ombre des palétuviers. Nous étions seuls au monde, entre le bleu et le bleu, étoiles au-dessus, bercés par les vagues, à regarder passer le jour.

Deux jours suspendus que j'ai adorés.