Les jours avec et les jours sans
- aureliajaeger
- 14 nov. 2021
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 15 nov. 2021
(Atelier d'écriture)
Le rayon de soleil qui perce à travers mes rideaux occultants mal fermés finit de me réveiller. Je m’étire en souriant, réalisant comme chaque matin que j’ai dormi toute la nuit bercée par le ronronnement régulier du brasseur d’air.
J’écarte les rideaux sur un nouveau jour de ciel bleu. La porte fenêtre coulisse entièrement, j’adore cette maison dedans-dehors où le salon se prolonge par une salle à manger en terrasse, la piscine et le jardin. Je vais prendre mon petit déjeuner au milieu des buissons de tiare, des palmiers et des frangipaniers en fleurs. Avec un fond sonore de volailles surexcitées, coqs chantants et poules énervées, dont les craquètements incessants ne me gênent déjà plus.
Aujourd’hui est une belle journée. J’ai un rendez-vous. Rendez-vous avec le lagon, la plage et ses décors de rêve, cocotiers alanguis, sable fin, les montagnes pas loin. J’ai rendez-vous surtout avec des amis, nouveaux visages de ma nouvelle vie, joyeux compères, nouvelles copines, avec lesquels je me réjouis de me retrouver tout à l’heure pour déjeuner, parler de tout et de rien, et boire des tas de bières le derrière posé dans l’eau tiède du Pacifique.
Je me lève quand je n’ai plus sommeil. Attirée par le soleil déjà haut dehors. J’ouvre les rideaux et la lumière s’engouffre dans ma petite maison silencieuse. Le ciel est clair, il fait beau. Comme souvent. Comme toujours.
Et je reste là tétanisée, ne sachant quoi faire de ce jour qui vient, de cette lumière, de ces heures ensoleillées qui s’offrent à moi, de ce jour vide qu’il va falloir habiter.
Aller où ?
Quoi faire ?
Chaque possibilité me semble vaine et sans suffisamment d’intérêt pour me mettre en mouvement. Je me replie vers le canapé où je m’allonge et où j’attends dans la pénombre que le temps passe. Il finira bien par passer, et par me conduire jusqu’au soir où j’allumerai la télévision jusqu’à tomber de sommeil, enfin.
La nuit me délivre de cette angoisse du jour qui passe, sans que je sache quoi en faire. De ces heures lumineuses où ma solitude rend tout tellement dérisoire. De cet immuable décor de rêve qui rend ma mélancolie coupable. Je ne sais pas, je devrais, je n’y arrive pas, je suis pitoyable, lamentable, et hypocrite enfin.
Parce que je réponds quand on me le demande, que tout va bien.

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