Les heures creuses
- aureliajaeger
- 8 janv. 2022
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 15 janv. 2022
Aujourd’hui je voudrais parler d’un phénomène particulier, né de la distance et de ce décalage horaire monstrueux, qui veut qu’ici on se couche quand de l'autre côté de la planète on se lève, et réciproquement.
Mes journées d’expatriée sont rythmées par ces heures où le silence se fait parce que chez eux tout s’éteint. Alors la solitude se fait plus grande, l’éloignement plus oppressant. Entre midi et 20 heures ce sont les heures creuses, celles où il n’y aura aucune possibilité de conversation, de like - ou de petit signe que l’on existe un peu encore, pour ceux que l’on a laissés derrière soi.
A contrario le matin, lorsque je rallume mon téléphone, j’adore la petite musique sympathique qui me signale les messages et courriers arrivés pendant la nuit. Rares sont les jours où je n’en ai aucun. Ça fait du bien. Je prends mon petit-déjeuner en répondant à des conversations suspendues, je suis décalée forcément mais je suis avec eux malgré tout. Et puis souvent je n’ose pas sortir tout de suite de la maison, parce que c’est encore l’heure où quelqu’un pourrait appeler. Quelqu’un qui me ferait coucou après sa journée, qui aurait un peu de temps dans son début de soirée. J’aime ces coups de fil, un peu trop rares mais si précieux - même si la connexion n’est pas toujours bonne, avec des mots qui se perdent et des images qui se figent.
Et puis le soir a partir de 20h (en semaine) ils se réveillent de l'autre côté du monde et je suis souvent là, pour leur souhaiter une bonne journée ou les voir découvrir les stories postées pendant leur nuit. Je vais me coucher rassérénée lorsque je peux échanger quelques mots avec l’un ou l’autre avant leur journée de boulot.
Je ne m’attendais pas à ça. À devenir dépendante de ces moments là. Mais le sentiment de solitude et d'isolement se fait si fort parfois, que je me raccroche à ces liens numériques qui sont tout ce qui me restent pour ne pas me sentir complètement abandonnée.
Alors que la vraie vie est ailleurs je sais. Quelque part dans cette île-prison dorée où il faut que je trouve ma voie, et d'autres liens surtout pour me réapprendre à vivre au présent !

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