Le voyage immobile
- aureliajaeger
- 28 août 2021
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 28 août 2021
Voilà une grosse semaine que j’ai posé mes valises, sans les défaire complètement encore, chez Annie à Moorea. Septième jour de confinement aussi, et ça c’est nettement moins drôle. J’avais oublié combien nous étions empêchés, de circuler, de bouger, de faire des rencontres et d’aller un peu partout le nez au vent. Il me faut faire preuve de patience encore, et puiser dans mon imagination pour occuper ces longues journées de temps libre qui sont un cadeau un peu empoisonné en période de déplacements interdits.
C’est une bonne façon ceci dit d’apprendre à se contenter de peu. Une mise à l’épreuve, pour moi qui me targuais de pouvoir vivre sur une île déserte, loin des foules, de pouvoir prendre sans peine la vie comme elle vient, avec ses bons et ses mauvais côtés. La météo de ces derniers jours ne me rend pas les choses très faciles : ciel souvent couvert, épisodes pluvieux fréquents, grosses averses.
Mais que les éclaircies sont belles ! Et il y a bien une ribambelle de petites joies. Une multitude de raisons de se réjouir quand même et de savourer le temps qui passe.
Pendant ces 8 jours je n’ai certes pas beaucoup bougé, mais j’ai lu des heures entières, dessiné dans mes carnets, pris mes premières photos, écrit une autre nouvelle. J’ai appris à mieux connaître la jolie famille chez qui je vis. Nous mangeons ensemble, cuisinons parfois, jouons aux cartes ou aux dominos tous les soirs. Un lien se crée, une amitié se renforce, une affectueuse complicité nous rapproche à présent. C’est chouette et c’est précieux.
Et puis tout est tellement beau partout. Je me rends compte que je me nourris de ça, de la beauté des choses. C’est ce qui me fait me sentir à ma place, cet émerveillement constant pour tout ce que je vois, goûte ou entends ici. Les couleurs d’abord, ces bleus incroyables du lagon, les verts profonds des montagnes, le rouge, le jaune, le violet et le blanc des fleurs qui claquent sur le vert tendre des feuilles. Le scintillement des gouttes d’eau qui sèchent sur une peau gorgée de soleil, la suavité du jus de mangue qui coule sur ma langue, les « r » qui roulent, les sourires. Tout me plait, tout me ravit. La lumière dorée de la plage aux dernières heures du jour, le chant des coqs au réveil, le parfum enivrant des fleurs de tiare, le relief des montagnes qui se découpent sur fond de ciel bleu.
Il n’y a pas grand-chose de laid ici, pas de constructions moches, peu de bitume, de rares panneaux publicitaires. La nature est partout, généreuse, exubérante, majestueuse. Elle m’entoure d’ondes réconfortantes et tranquilles qui bercent mon âme et lui chuchotent des mots d’amour.
Je crois que je vais être bien ici.

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