Le point de non retour

Je viens de quitter mes amies qui ont partagé 15 jours mon quotidien. Elles repartent demain pour Nantes, et vont reprendre le cours de leurs vies qui ressemblent à celle que j'avais avant, et que je retrouverai bientôt.

Je suis pleine de sentiments confus et contradictoires, j'ai - comme d'habitude - le blues de voir repartir des êtres chers, la nostalgie d’une amitié que la distance va de nouveau distendre, mais - et c'est nouveau - aussi un sentiment de fierté et une sorte de soulagement parce que moi je vais rester là encore quelques semaines…

Je suis sur le Ferry, qui brinquebale et tangue dans la nuit, je vais retrouver Moorea et ma petite maison avec vue sur le lagon. Cette fois ci avec plaisir, je me réjouis. Il y aura encore des jours clairs et des soirs tièdes, le bruit des vagues sur le récif et les mille reflets turquoise du lagon. En les entendant parler de leur retour, de leur quotidien qui sera aussi le mien, j'ai mesuré soudain combien ici j'étais bien, sans contrainte et sans attache, sans obligation ni souci particulier.

Est-ce que j’ai dépassé le point de non retour ? Celui qui fait qu’on n’a plus envie de revenir sur ses pas ? En tout cas ces visites enthousiastes et émerveillées me confortent dans le choix que j’ai fait de m’exiler sous des cieux plus cléments, sur des îles lointaines où l’air est doux, les couleurs vibrantes et la vie plus sereine. J’ai toujours envie de rentrer, mais je sais, je sens, qu'une partie de moi va rester ici.