La Polynésie
- aureliajaeger
- 10 mai 2021
- 2 min de lecture
Toute mon enfance, grâce à des parents voyageurs, j'avais été bercée par le bruit des vagues et le souffle des alizées. J'avais appris à nager dans les eaux turquoises du lagon de Rangiroa et appris à lire pieds nus dans une école au toit de feuilles de bananier. Depuis un demi siècle, la lumière me manquait, l'océan m'appelait, et je dépérissais chaque hiver comme une plante tropicale laissée au froid dehors, dans le vent et les frimas. On m'avait proposé de la luminothérapie pour me requinquer... comme si j'allais me laisser berner par la lumière artificielle d'une lampe au look d'hôpital. Quelle tristesse... rien à faire, le manque de soleil plus que tout me minait !
J'étais jusque là comme beaucoup résignée, à ne me contenter que de ma petite ration de beau temps annuelle, sous ces latitudes où le climat dérangé oubliait de plus en plus souvent le printemps et parfois l'été. Lassée par tous ces jours de pluie, rêvant toujours de rivages ensoleillés,
Cette année sabbatique allait me permettre de renouer avec cette félicité : aller buller sous un cocotier !
Pendant quelques jours j'ai passé en revue toutes les îles, îlots, motus et péninsules dont je me souvenais et où je pourrais me rouler dans le sable cette année. Des îles bretonnes (trop fraîches) aux Seychelles (trop touristiques) en passant par la Réunion (trop construite) ou les Maldives (trop peu fréquentables), j'ai refait la liste de tous ces lieux où je gardais des souvenirs heureux. Assez vite, j'ai pointé du doigt sur la carte, un petit amas de pointillés en plein milieu du grand bleu. C'est décidé, tout réfléchi, l'occasion ne se représentera pas deux fois : j'allais repartir en Polynésie ! Remettre mes pieds dans mes tongs et revoir tout ce bleu qui avait fini par jaunir un peu sur les diapos de papa et maman. J'y avais vécu 3 ans, de 6 à 9 ans. Je gardais des souvenirs lumineux de plages blanches, de lagons poissonneux et d'une vie encore un peu sauvage, à marcher pieds nus au milieu de cocotiers désordonnés. La vie y était alors lente et paresseuse, légère et harmonieuse.
Bien sûr, les choses avaient un peu changé, mais en évitant Tahiti et Bora-Bora, je devrais bien arriver à retrouver un peu de l'ambiance d'autrefois... et puis lors de mes deux derniers séjours là-bas, en 2015 puis en 2018, j'ai rencontré et lié d'amitié avec une famille adorable, établie à Moorea. J'irai les retrouver sur leur île, ce sera doux de les avoir pas loin, et une fois mes valises posées, je pourrai laisser la vie me dicter la suite de l'aventure. Cette perspective était séduisante, je n'avais d'autre plan que celui de partir et me laisser envouter. Oh bien sûr quelques envies, vagues projets d'écriture, de plongée, de photographie. Mais aucune obligation. Si ce n'était celle de profiter de chaque seconde. A partir de maintenant.

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