Une idée folle
- aureliajaeger
- 30 avr. 2021
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 25 mai 2021

Voilà des années que, de compromis en concessions, comme beaucoup, comme vous tous peut-être, j'avais mis un couvercle sur mes rêves les plus chers, mes projets un peu fous, mes délires de petite fille et tous les trucs chouettes et glamour que je voulais faire quand je serai grande, parce que :
- "Les enfants sont trop petits !"
- "C'est trop cher !"
- "Qui va garder les enfants ?"
- "Je ne partirai pas sans toi !"
- "Ce n'est pas le moment"
- "Les enfants sont trop grands..."
- "Qui va garder tes parents ?"
Mais pour la première fois depuis longtemps, alors qu'autour de moi le monde se rétrécissait à cause de la Pandémie, les rêves endormis se sont mis à agiter de plus en plus fort leurs petites ailes toutes engourdies .
"Il est temps de vivre la vie que tu t'es imaginée..." reprenant à mon compte la phrase célèbre attribuée à ce cher Henry James, j'ai enfin compris que je pouvais profiter de cette période grise et un peu déprimante pour saisir cette incroyable opportunité !
Et pourquoi pas ? Un projet sans enfants, sans parents, sans famille, sans rien, toute seule ! Une aventure un peu égoïste mais salutaire, qui allait me permettre non seulement de sortir tout à fait la tête de l'eau, mais carrément de nager une brasse papillon joyeuse et échevelée :)
Et c'est ainsi qu'est née... cette folle idée !
Des idées folles, j'en avais beaucoup eues. Pour la plupart remisées par devers moi, mais en vrac et dans le désordre, voici des tas de projets dont j'avais rêvés et que jusque là la vie m'avais empêchée de réaliser :
- Tout plaquer mon boulot sérieux, pour aller en faire un autre beaucoup plus amusant : saltimbanque, photographe, actrice, cosmonaute ou écrivaine !
- Ouvrir un magasin gratuit.
- Acheter une vieille ferme dans la Creuse et la transformer en écolodge pour parisiens snobs et fatigués...
- Partir en vélo, sac au dos, en combi, en taxi ou en train, le nez au vent à l'aventure, sans savoir jamais ou demain je dormirai.
- Créer mon entreprise, ma salle de sieste, ma galerie, mon site web...
Et par dessus-tout, repartir vivre là-bas dans les îles qui m'avaient vu grandir, pieds nus et nombril à l'air.
Mais on est tous pareils, on n'ose pas. Parce que les enfants, l'argent, et que vont dire les parents ? On espère qu'à deux, ce sera mieux, on sera plus forts. Mais à deux, on a deux fois plus peur et encore davantage d'excuses parfois de ne pas y arriver. C'est souvent plus compliqué, les envies et les doutes s'additionnent, les élans sont à contretemps, et pour ne froisser personne, on revoit tout, on reconditionne. A l'arrivée le projet ne tient plus la route, le projet est biscornu, le projet est foutu. Alors on replie ses ailes, on fait semblant que ce n'est pas si grave et on attend doucement que le temps passe, en pleurant parfois un peu le soir, parce que les rêves s'en vont au fur et à mesure que l'âge vient. On se désole, on en veut à la terre entière et à la vie surtout, qui ne tient pas ses promesses alors que c'est juste moi, qui ne voulais pas. Pas assez fort en tout cas.
Mais cette fois-ci il était temps. De chasser les idées noires, de se lever, de s'agiter, et d'y aller. A l'automne 2020, j'ai donc officiellement écrit cette lettre de demande de congé sabbatique, que mon employeur m'a accordé sans aucune difficulté.
La date de départ était fixée en août 2021. Il me restait donc presque toute une année pour finir de m'organiser.
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